Artiste, compositeur, militant. Charles Rose, habitant de Strasbourg, est un peu tout ça à la fois. Mais ce qui le définit le mieux, c’est peut-être encore son alias sur les réseaux sociaux, chasseurdesons, sous lequel il partage avec sa communauté ses plus belles trouvailles sonores, qu’il s’agisse du bruit de la mousse ou du ronronnement d’un chat.
Le 18 février dernier, il a par exemple partagé le son d’un Escalator de la gare de Strasbourg. C’est à ce jour la vidéo la plus vue de son compte TikTok : elle cumule plus de 8 millions de vues.
@chasseurdesons The sound of the escalator in Strasbourg railway station ⚙️ This audio was created with two microphones: • Geophon: for low frequencies. • Contact microphone: for the rest of the spectrum. #aesthetic #science #tiktok #fyp #pourtoi
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Passionné de musique électronique, il se met à enregistrer ses propres sons
Baigné dès son plus jeune âge dans une ambiance musicale par son père, profondément marqué par la comédie musicale Les Blues Brothers, Charles se passionne très vite pour la musique électronique.
« Assez jeune, je me mets à composer de la musique électronique grâce à des logiciels de production musicale et, dans ce domaine-là, il y a beaucoup de créateurs ou de sociétés qui proposent leurs samples, leurs échantillons sonores, leurs instruments. Une marée d’informations dans laquelle j’avais du mal à me retrouver », retrace le jeune homme de 26 ans, qui commence alors à enregistrer ses propres sons.
Une première chanson composée à partir des sons de la Norvège
En 2019, lors d’un voyage en Norvège, il enregistre plusieurs sons différents : du plancher d’une église à la faune locale, en passant par des gouttes d’eau sur différentes surfaces. Avec en tête l’idée de créer des instruments pour sa future première chanson. Cela a donné Geiranger Fjord, une musique composée avec les sons de ce pays scandinave.
Fort de retours encourageants, mais aussi parce qu’il a adoré l’expérience, Charles décide de la poursuivre à son retour. Amateur d’urbex, il aime se perdre dans des lieux abandonnés de la région pour enregistrer de nouveaux sons.
Il délaisse la voie classique pour se consacrer à sa passion
Tout ça se fait en parallèle de son cursus d’ingénieur. En 2022, quand il obtient son diplôme à l’institut national des sciences appliquées de Strasbourg (INSA), il décide de délaisser la voie classique. « J’ai pris un job alimentaire pour subvenir à mes besoins afin de pouvoir développer mon projet de chasseur de sons », explique Charles, qui décide alors de se lancer sur les réseaux sociaux, et de pratiquer une autre de ses passions : la vidéo.
Sur Instagram, où il cumule plus d’un million d’abonnés, et TikTok (+ de 100 000 abonnés), ses deux réseaux sociaux principaux, Charles partage des enregistrements de sons, donc, mais pas que. On peut aussi y trouver des histoires autour d’un son – qu’il n’a pas enregistré lui-même – des concepts où il faut deviner un son en particulier ou encore des vidéos dans lesquelles on le voit laisser un portable dans un environnement type Urbex pour en enregistrer les sons avant de les analyser.
@chasseurdesons Le jeu continue ! 👂 #soundesign #soundeffects #amsr #fyp #pourtoi
@chasseurdesons Qu’est-ce que ce manoir va nous raconter ? (Partie 1) 🏚️ #urbex #urbexpeople #hauntedmansion #pourtoi #fyp
Autodidacte
Charles n’a jamais eu de formation de prise de son, il a tout appris sur le tas. Par exemple, pour capter le bruit d’un arbre, il utilise un microphone de contact, capable de capter les vibrations au travers d’un objet. « Par exemple, quand le vent vient souffler dans les branches, ça produit une oscillation, l’arbre va vibrer et ces vibrations vont être captées par ce micro-là », vulgarise le technicien autodidacte.
@chasseurdesons
Son objectif à lui est de rendre le son le plus clair possible, mais surtout sans le dénaturer, afin de « conserver son âme », aime-t-il à dire.
Une démarche protéiforme, à la croisée de la science, de l’art et du militantisme
Dans son travail, Charles s’inspire beaucoup de Bernie Krause, un musicien américain connu pour enregistrer des « paysages sonores ». Tous deux sont des pratiquants du « field recording », ces enregistrements de terrain ou enregistrements de sons naturels. On peut aussi les définir comme des audio-naturalistes, c’est-à-dire des preneurs de son spécialisés dans les sons de la nature.
Sa démarche est protéiforme, à la croisée de la science, de l’art et du militantisme. « Aujourd’hui, avec le son, on peut comprendre des êtres vivants ou des phénomènes environnementaux. Par exemple, Bernie Krause a enregistré le son d’une forêt avant et après une déforestation sélective. De cette expérience, il a pu en conclure certaines choses. Je me suis rendu compte que le son pouvait avoir un impact, sensibiliser à certaines causes », confie Charles. Quand ce dernier enregistre le bruit de la mousse ou d’un arbre, c’est une façon pour lui de leur « donner une voix ».
@chasseurdesons The sounds of the moss 🌱 What do you want to listen to next time? It can be an object or anything else.. #science #scienceexperiments #tiktok #pourtoi #fyp
Prochainement un voyage au Canada et un album de musique
À court terme, Charles projette de s’expatrier quelques mois au Canada. Comme pour la Norvège, il y enregistrera des sons afin cette fois-ci d’en tirer un album de musique complet.
En parallèle, il compte poursuivre ses activités sur les réseaux sociaux.
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