Il s’appelle Bucanero. Ce cheval de 10 ans est un Pure race espagnole des Écuries de Saint-Selve. Le jeudi 23 mai, à 8 h 30, tous les regards seront braqués sur lui et sur son cavalier, Pierre Durand, champion olympique de saut d’obstacles en 1988 à Séoul avec l’emblématique Jappeloup. Le natif de Saint-Seurin-sur-l’Isle sera le premier porteur de la flamme du jour, lors de son parcours matinal à Saint-Émilion, au départ du château Pavie, dans les vignes.
L’homme et sa monture ont fait connaissance il y a deux semaines pour un essai avec flambeau. Ce ne sera un baptême du feu ni pour l’un ni pour l’autre. Chaque été, Bucanero participe au spectacle de la Bataille de Castillon, dont les séquences de cavalerie sont réglées par Franck Reyne, le directeur des Écuries de Saint-Selve, qui incarne lui-même à l’occasion de cette reconstitution historique le chef militaire anglais John Talbot. « Un cheval de sport, c’est assez vif, remarque Pierre Durand. Cela aurait pu être possible, mais il aurait fallu vraiment le préparer à ça. Il était bien préférable d’aller chercher un cheval de spectacle, déjà familiarisé avec le bruit et les flambeaux. »
Stéphane Lartigue/Sud Ouest
Un repérage sur l’itinéraire sera toutefois nécessaire. « Parce que c’est sur du goudron et que l’on va nous faire descendre une pente assez raide », explique l’ancien champion du monde par équipes. « Il faut donc un ferrage spécial pour ne pas qu’il glisse. Il va y avoir pas mal de monde autour de la flamme elle-même, des personnes qui vont courir, l’encadrer. C’est un environnement auquel, malgré tout, les chevaux ne sont pas habitués. »
Écuries de Saint-Selve
À 13 ans déjà
Pierre Durand aura la torche dans la main droite et guidera le cheval de l’autre main avec les rênes. Ce sera sa quatrième « escorte de flamme ». En 1992, avant les Jeux olympiques d’hiver à Albertville, il l’avait portée, à pied cette fois-ci, sur les « derniers 400 mètres, du bas des Champs-Élysées jusqu’à la place de la Concorde ». Cette même année, le cortège avait traversé Saint-Seurin-sur-l’Isle. Il avait alors accompagné la flamme à cheval, sans la porter, exactement comme en 1968, pour les JO de Grenoble – « j’avais 13 ans ». Ces premières foulées à Saint-Émilion, étape dont il a été lui-même à l’origine, s’effectueront au trot, voire au pas, là où ce sera plus indiqué. « Porter la flamme est un honneur… Cela me fait toujours vibrer. Cette flamme représente les valeurs de l’olympisme sur lesquelles je me suis construit en tant que sportif et même en tant qu’homme. »
« Une reconnaissance »
Après un premier parcours dans Libourne qui s’élancera à 10 h 03, la flamme olympique reviendra dans cette commune à 16 h 01, au lac des Dagueys. Les deux porteurs de la flamme choisis par la Ville sont une représentante du club de tir sportif local, la prometteuse Chloé Pallaro, et un grand nom de l’aviron tricolore, Michel Andrieux, champion olympique en 2000 à Sydney en deux de pointe sans barreur associé à Jean-Christophe Rolland. En 1992, ils avaient fini quatrième des JO de Barcelone avant de monter sur la troisième marche du podium en 1996 à Atlanta. « Je suis très fier de porter la flamme », avoue le natif de Bergerac, licencié par la suite à l’Émulation Nautique de Bordeaux, pour qui ce sera une première. « C’est une reconnaissance. Sur trois Jeux, je n’ai vécu qu’une cérémonie d’ouverture et une seule cérémonie de clôture. » Ce qui rend ce moment encore plus marquant à ses yeux.
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La flamme naviguera sur le lac sur environ 400 mètres à bord d’un huit, le bateau roi de la discipline. « Elle partira du pied de la plage », indique Jean-Louis Arcaraz, l’adjoint au maire délégué au sport, à la sécurité et la prévention. L’équipage empruntera la ligne d’eau numéro 2 du Pôle nautique international des Dagueys, retenu comme centre de préparation aux Jeux olympiques et paralympiques, escorté par des rameurs du club d’aviron et des canoës-kayaks de cette même base, ainsi que par un jet-ski et un bateau de la gendarmerie. À son point de débarquement, un relayeur l’emmènera en courant jusqu’à la tour d’arrivée. Le huit ne progressera pas à pleine vitesse, sachant que ce type d’embarcation peut aller « jusqu’à 24 km/h », signale Michel Andrieux.
L’allure, pas un détail
L’allure à laquelle se déplaceront les porteurs de la flamme olympique est tout sauf un détail. Lors d’une réunion technique, il a été spécifié aux skateurs que la limite conseillée, afin qu’elle soit visible au maximum, était « de 15 km/h », note le champion du monde 2017 de « street », le Bordelais Benjamin Garcia, qui escortera en fin de journée, aux côtés de vingt-deux autres riders, le porteur de la flamme en skateboard, le Landais Vincent Milou, quatrième aux Jeux de Tokyo.
« Il existe également une contrainte de temps par torche, puisque la réserve de gaz s’épuise au bout de huit minutes »
Au-delà, les tests ont montré qu’elle pouvait « se rétracter à l’intérieur », comme l’explique Jade Rosa, de la Fédération française de roller et skateboard, dont le siège est à Bordeaux. Elle ne peut en revanche s’éteindre, étant alimentée par une cartouche de « gaz biosourcé ».
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Il avait été demandé à la fédération de ces sports de glisse urbaine de soumettre une liste de dix villes, le choix final revenant à Paris 2024 : Bordeaux et Blois ont été choisies. Le parcours bordelais consistera en un aller-retour sur la chaussée entre le cours de la Martinique et le skatepark des Chartrons, où se tiendra une démonstration de skateboard. Il existe également une contrainte de temps par torche, puisque la réserve de gaz s’épuise au bout de « huit minutes ». L’autre originalité, pour le monde du skateboard, où chacun peut s’habiller comme il veut, sera le port de la tenue officielle. Mais les JO, ce n’est pas tous les jours.
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