Depuis l’aéroport Paris-Charles de Gaulle, cap sur Santiago du Chili, en Amérique du Sud. Un vol Air France. 13 h 30 de voyage pour arriver à destination, au cœur de l’hiver austral. En poche, le carnet du voyagiste belge Continents Insolites dont le savoir-faire, depuis 1977, consiste à « designer » des échappées haut de gamme, sur mesure, où que ce soit sur la carte du monde.
« Nous sommes des experts, rompus à chercher et à trouver de bonnes adresses, des expériences originales, des produits exclusifs, de bons guides, etc., déroule Nicolas Meerman, directeur de production. L’idée est d’assembler tout ça avec notre science du voyage et d’atteindre la justesse par rapport à l’attente de nos voyageurs. »
Notre voyage relève de cette catégorie de trésors. La pépite à découvrir par-delà la mythique Cordillère des Andes s’appelle Explora. Une compagnie chilienne qui a fait de l’exploration de territoires reculés sa carte de visite. Justine, notre experte de Continents Insolites, nous dépeint un itinéraire « de ouf » à travers l’altiplano, qui signifie plaine d’altitude, et chevauche deux déserts. L’un chilien, nommé Atacama, le plus aride au monde. L’autre bolivien, multicolore par un chapelet de lagons glacés. Baptisé « La Grande Traversée », le road trip s’étend sur 525 km et relie l’Atacama à l’éblouissant désert salé d’Uyuni.
Nous sommes prévenus: on va prendre une sacrée hauteur dans un paysage lunaire, parsemé de sable, de roches volcaniques et de lacs magiques. Un endroit sur terre déchiré par des forces diaboliques, ayant l’allure d’une autre planète, accessible à des baroudeurs ayant un cœur bien accroché et acceptant avec humilité d’y être pris par la main et guidé par des gens anges gardiens.
Une autre planète
De Santiago, nous prenons un vol domestique pour rallier la ville minière de Calama. Nonante minutes de vol au bout desquelles le décor a comme viré de bord dans une autre dimension. Il est à la fois sablonneux et lumineux. Une route mortifiée par le vide mène au village de San Pedro de Atacama. Un phare touristique, une oasis hallucinée par un âpre voisinage ramenant l’homme à un grade de vassal devant une nature écrasante prenant toute la place. Ses ambassadeurs sont tous là, à l’infini : volcans, salines, geysers, sources chaudes et dunes de sable. Explora y a bâti comme un camp de base. Un lodge grand format doté d’une salle d’exploration ressemblant à une salle d’école avec ses panneaux éducatifs suspendus, et même d’un observatoire pour contempler les étoiles. La science, la géographie et le plaisir d’explorer y font jeu égal.
Notre guide, Andrea, est venue nous chercher à l’aube de la Grande Traversée. D’ici, la frontière bolivienne n’est distante que d’une petite heure de route qui vont nous mener de 2 250 à 4 250 mètres. Le souffle devient plus court. Au cas où, on a des médicaments pour que la nausée ne casse pas le rêve. Aussi immense est le désert, aussi minimaliste est la frontière, tel un trou de ver. Il y règne une effervescence de grand départ l’aventure et l’inconnu. Les chauffeurs lient sur leur toit de leur voiture jerrycanes de carburant, histoire de ne pas tomber en panne sur cette route millénaire inhospitalière et calquée sur celle des caravanes commerciales antiques. Le bitume chilien passe le témoin à une piste sur laquelle on s’engouffre avec l’ivresse d’explorateurs assurés d’aller mettre leurs sens au contact d’espaces merveilleux, qui vont nous engloutir et déboussoler nos repères. Cette joie de partir, on l’identifie aux gerbes de poussières soulevées par le départ.
Lagunes blanche, verte et rouge
Laiteuse et opaline
Nous venons d’entrer dans la réserve nationale de la faune andine Eduardo Avaroa. César, notre chauffeur, roule au radar, il connaît la piste par cœur. Au commencement, dans ce désert, était une intense activité volcanique. Les volcans, une fois éteints, ont fait émerger un chapelet de lagunes fascinantes par leurs couleurs. Toutes, par leur flore, rare mais dorée, et leur faune bariolée, sont un enchantement pour les yeux. Elles semblent tout droit sorties d’un poème ou d’un tableau impressionniste. La numéro 1 du road book, blanche par sa teneur en sel, laiteuse et opaline, remplit un ancien cratère. Le panorama, avec les montagnes en arrière-plan, et le jeu des reflets, est féerique. La lagune blanche, ou laguna blanca, baigne dans toute la paix du monde. On y voit barboter canards et oies andines. Cette merveille géologique apaisée, et glacée, nous déconnecte du monde. D’ailleurs, à peine éloignée des yeux et déjà regrettée.
Bleu turquoise et vert émeraude
Les lagunes se succèdent et elles explorent le spectre chromatique. Car, à 5 minutes de voiture de la blanche, glisse dans le regard la lagune verte (la laguna verde). Sa couleur varie d’un chatoyant bleu turquoise presque électrique à un vert émeraude. Magnifiquement désertique, la lagune miroite sous les rayons du soleil, au pied du volcan Licancabur, culminant à 5 960 mètres d’altitude.
Plus bas, à 4 300 mètres, le lac oblige à marcher à petits pas. L’eau est verte par les minéraux toxiques (oxyde de cuivre, borrax de sodium et arsenic) dont elle est chargée. Un petit cours d’eau permet à la laguna Blanca de s’écouler dans la laguna Verde.
L’origine de ces deux fantastiques plans d’eau salés, qui font miroirs aux volcans, remonte à environ 13 000 ans, mais, pendant la dernière période glaciaire, ils ne formaient qu’un seul grand lac.
Un Éden rose et rouge
À 92 km de la lagune verte, notre coup de cœur (et de foudre) est allé à la lagune rouge (The laguna Colorada). Ses reflets rouges et orange, celle-ci les doit à la présence d’argile, de micro-organismes et aux pigments de certains types d’algues. Une chaude palette de peintre à laquelle des lamas, broutant en paix sur ses bords, ajoutent des touches de brun et de marron. On y ressent une douceur de vivre absolue. La promenade, harmonieuse et troublante par son silence, semble remonter aux origines du monde.
Les animaux, eux, composent une sorte de mélodie du bonheur réinventée, à l’instar des milliers d’oiseaux qui y batifolent et à ces graciles demoiselles, flamants des Andes et flamants de James, qui flottent dans cet éden rose et y déploient leurs ailes.
Lacs bleutés et plumes roses
Enclavée dans un massif volcanique, la lagune Honda, dont le nom signifie « lac profond », est une ode à la pureté. En réalité, sa surface liquide est si mince et si endormie qu’elle fait miroir à toutes les variantes du ciel. Un spectacle panoramique intimidant par sa beauté, surtout quand des armadas de flamants roses y prennent leur envol. La promenade sur son bord semble suspendue hors du temps et de l’histoire. De lagune en lagune, les flamants roses ne cessent de moucheter les lacs bleutés boliviens de leurs plumes roses. Leurs colonies piquant l’eau salée en sont comme le fil conducteur et les peintres en chef. La lagune salée est leur maison, au point, la nuit, de s’y laisser emprisonner les pattes dans la glace. Sitôt libérés du piège par le soleil, ils se remettent à manger du plancton, à cancaner follement et à perpétuer le spectacle de la vie.
Une chevauchée lunaire à cinq étoiles de luxe
Avec ces paysages bluffants, ses geysers fumants sentant le soufre, avec les oiseaux, les canards et les lamas qui les enrichissent de leur vie, nous avons l’intime impression d’effleurer ce que peut être le paradis. Le fait de n’être que quelques-uns à fouler ce territoire préservé, où l’empreinte humaine est limitée à celle d’un spectateur, ajoute à la sensation de goûter à l’un des plus beaux voyages que l’on puisse faire sur cette planète. Et il se passe au plus profond de l’altiplano andin, loin, loin, loin.
La compagnie Explora ajoute à cette grande traversée dans les airs (tutoyant les 4 000 mètres donc) le confort absolu. Le service privatif. Le voyageur séjourne dans des Mountain Lodges, de luxueux pied-à-terre aménagés pour se reposer, dîner, mais aussi rester contemplatifs devant des chefs-d’œuvre façonnés par une mère Nature prodigue.
L’un est situé à Ramaditas, l’autre à Chituca, tandis que le dernier surplombe le surréaliste désert salé d’Uyuni. Entre ces trois escales, le désert déroule ses lagons paradisiaques, comme autant de traits d’union et de sanctuaires dorés pour la faune et la flore.
Rien d’autre à voir que des joyaux sur des centaines de kilomètres à la ronde, où les lodges, bâtis sur pilotis, ont l’allure de stations spatiales. Vus de loin, leur architecture uniforme évoque une hôtellerie basique pour voyageurs interstellaires. Ces sortes de conteneurs posés dans ce décor d’après-déluge tellurique ne laissent rien filtrer de leur caractère haut de gamme. Ils paraissent écrasés, invisibilisés par la démesure du désert. L’installation de ces trois oasis de charme sur ces hauts plateaux s’est révélée complexe. Explora a dû collaborer avec les communautés locales, elle leur a confié les clefs de ces refuges 5 étoiles, de sorte que le voyageur se sente comme un invité et non comme un intrus. Les chambres comme les espaces communs sont tapissés de bois pour accroître la sensation d’y être dans un cocon. Leurs grandes baies vitrées y font entrer le paysage à l’intérieur. On y prend le café comme à un balcon avec une vue à 180° sur ce qu’on ne voit qu’une fois dans sa vie.
Un coucher de soleil magnétique
La route, millénaire, invite à des expériences totalement exclusives à plus de 3 000 mètres d’altitude, et jusqu’à 4 200 mètres. En bottines de marche, on passe à travers une sorte d’éternité jalonnée de pépites d’or. La marche à travers les lagons est aussi inspirante que sensorielle. On en perçoit les plus infimes vibrations, comme la croisière frémissante d’un canard s sur un bras d’eau. A 4 300 mètres d’altitude, entre deux lagunes, on a progressé sur un gruyère gorgé d’eau douce. Si le paradis existe, y volent certainement des flamants roses mais y fredonne aussi de l’eau cristalline, à travers une géographie labyrinthique. En fait, les mots peuvent arriver à manquer pour dépeindre cette fantastique odyssée, étirée à perte de vue.
La destination finale est le désert d’Uyuni, blanc, immaculé, aveuglant, nécessitant des lunettes solaires à haut pouvoir filtrant. C’est une étendue brillante de 10 000 km2 comprenant 32 îles rocheuses piquées de cactus. On y a assisté au soleil tirant le rideau. Il ne semble jouer sa partition quotidienne incandescente que pour vous. On y voit sa couleur de tête, celle de l’or, se déchirer dans le noir et le rouge. On n’a pas assez d’yeux pour en saisir tout le génie des nuances. Le jour se violace, se lacère, se zèbre, s’arrache en saignant et finit par s’éteindre dans un silence de fou. On reste sans voix, comme si l’on avait rencontré Dieu en personne.
Un shoot de sérotonine
Un abîme sépare le Chili, d’où nous sommes partis, et la Bolivie, plus archaïque. Le pays, enclavé, sans accès à la mer, est plus pauvre à vue d’oeil. Non seulement on change de planète, mais on recule à une autre époque. Après les lagons blanc, vert et rouge, nous traversons des hameaux cristallisés, tels des grains de sel, comme abandonnés au bord de l’immense désert blanc, à la plateur vertigineuse. Peu d’âmes y vivent. Dans les environs, on y a bétonné le souvenir d’une promenade très pastorale façon Mary Poppins. Et hop! Nous sautons à pieds joints parmi une multitude de gentils lamas se la coulant douce dans un décor rafraîchissant de mousse. Sur plus d’un kilomètre, on le traverse, comme dans un zoo, à des années-lumière de l’Europe. Ces herbivores paisibles et mythiques prennent un repas sans fin. Nous les perturbons à peine. Quand ils ne broutent pas le tapis végétal, ils lèvent la tête et nous regardent comme une bête curieuse.
Repassant la frontière chilienne, après trois heures d’un safari bringuebalant sur le siège arrière de la 4×4, on prend congé de ce décalage spatio-temporel. On remonte les horloges, on revient à notre époque. On abandonne la piste pour retrouver cette belle route asphaltée du désert, plate comme un billard et filant dans un paysage inchangé: spectaculairement panoramique, dominé par des hauts plateaux auréolés de sommets et de volcans éteints. Il y a 197 km à parcourir. Un voyage extrêmement bleuté, vrombissant d’une lumière hollywoodienne fondante comme du chocolat chaud sur une boule de vanille. Enluminant tout sur son passage, elle administre aux passagers de la route un shoot de sérotonine.
Deux heures de vol plus tard, on retrouve Santiago, capitale du Chili, et son hiver austral. D’abord la grisaille et le crachin, puis le soleil, et le ciel pâle, rayonnant du même bleu que chez nous, en décembre. Un coup de cœur: la place d’Armes et la cathédrale, là où les conquistadors espagnols ont fondé Santiago, en 1541. La capitale aux huit millions d’habitants juxtapose en mosaïque 40 communes et quartiers aux atmosphères bien différentes les unes des autres.
Valparaiso, l’ascenseur à couleurs
Après toutes les escapades d’altitude, retour au niveau zéro, à Valparaiso, face au grand bleu du Pacifique.
La cerise sur le gâteau de ce voyage, Valparaiso, la première ville portuaire du Chili, distante de seulement 120 km de Santiago. On ne peut pas dignement quitter ce pays long comme un bras sans se laisser tranquillement descendre jusque dans la baie ensoleillée de cette ville mythique, puis gravir ses pittoresques « cerros » et, au moins une fois, prendre la cabine rustique de l’un de ses « ascensores ». Il s’agit de funiculaires, emblèmes de son patrimoine historique. Ils ont été mis en service au début du XXe siècle, à la faveur d’un peu de mécanique élémentaire appliquée, afin de relier les quartiers du niveau de l’océan à ceux des collines.
Il y a beaucoup à dire sur Valparaiso. « Une ville à part », tranche sobrement le taximan nous y amenant. D’abord, son face-à-face avec le Pacifique, qui n’a rien de pacifique, a comme définitivement tracé son destin de ville libertaire et bohème. Que de voyageurs d’Europe et d’ailleurs n’y sont pas descendus de paquebots pour s’y installer, puis, par le simple fait d’y vivre, y laisser infuser nombre de révolutions feutrées, les unes intellectuelles et artistiques, les autres économiques et industrielles. Le poète Pablo Neruda y a écrit de la poésie face à l’océan. Ernest Hemingway s’est arrêté au café-hôtel Le Brighton. Une impression domine toutes les autres: ce sont les artistes, et singulièrement les muralistes et les graffeurs, qui ont le plus attisé et éternisé la révolution.
Il faut le voir pour le croire. Aucune maison des « cerros » Concepción et Alegre, les plus touristiques, ne semble avoir été épargnée par cette déferlante de fresques. Si le street art a un berceau, il est ici. En fait, Valparaiso est une fantastique œuvre d’art éclatée sur toutes les façades. C’est la ville la plus barbouillée, la plus dévergondée et retors au monde. Une ville bariolée avec une audace et une outrance qui en font tout son charme malgré, à la regarder de plus près, un air de déglingue générale et de misère.
Une ville d’artistes et de poètes
« Valpo » se distingue par la ribambelle de petites maisons coloriées qui ont été comme saupoudrées sur toutes ses collines. La ville est née dans le port. Puis, confrontée à une émigration massive, mais choisie, elle a dû se dégager de l’espace sur ses hauteurs. Il n’était plus possible que de nouveaux arrivants continuent d’affluer et de s’entasser dans les quartiers proches des quais. La promiscuité devenant intenable, car génératrice de criminalité, un certain Juan Atkinson, dès 1886, a fait bâtir des maisons sur le Cerro Concepción, la colline historique de Valpo.
Aujourd’hui, ces demeures, de style anglais, avec leur petit jardin en devanture et leurs grandes fenêtres à guillotine, constituent une promenade très prisée des artistes et des touristes, avec vue de rêve sur les grues et centaines de conteneurs empilés sur les quais du port.
Depuis la fin du XIXe siècle, des habitants n’ont cessé de coloniser les collines. À tel point qu’au début du XXe siècle, un besoin d’ascenseur se fit ressentir. Trop raide, la ville « cassait » les jambes des riverains des cerros. Sensibles à leur épuisement, des ingénieurs anglais sont venus à leur rescousse et une trentaine de funiculaires ont été mis en service.
Il n’en subsiste aujourd’hui que quelques-uns, classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Ceux qui n’ont pas été restaurés se sont un jour arrêtés de grincer. Et moisissent, ou ont été tristement démantelés depuis belle lurette.
Pour ceux qui aiment créer, récupérer, recycler, customiser. Qui voient de la poésie dans toutes choses ou qui aimeraient juste vivre de leurs amours et de leurs arts, Valparaiso est la ville élue. La Terre promise.
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