Encore une pépite venue des terres gelées de l’Arctique. Ce deuxième volet de la saga Falck, signé Aslak Nore, mêle espionnage, histoire politique et récit initiatique. Les Falck sont l’une des familles les plus puissantes de Norvège.
Après avoir fait fortune dans le transport maritime, ils ont créé la Fondation Saga, qui veille à la bonne conservation des archives de leur pays, leur offrant une place stratégique sur l’échiquier géopolitique.
La nouvelle grande voix du thriller scandinave
Mais quand un colonel russe meurt empoisonné après avoir révélé l’existence d’une taupe au sein de la fondation, les secrets enfouis de cette famille menacent de sortir au grand jour… Avec Les Héritiers de l’Arctique, Aslak Nore confirme qu’il est la nouvelle grande voix du thriller scandinave.
Né à Oslo, Nore vit à Marseille, il a fait ses études à New York avant de rejoindre le bataillon d’élite norvégien Telemark en Bosnie, puis de travailler comme journaliste au Moyen-Orient et en Afghanistan.
Un parcours complexe qui traverse ses romans marqués d’une rare précision avec des intrigues particulièrement bien ficelées, faisant de lui un auteur incontournable du thriller contemporain.
Les Héritiers de l’Arctique, Aslak Nore, Le bruit du monde, 52 pages, 25 euros.
Tabous chinois
Peu de romans sont écrits par des Occidentaux sur la Chine contemporaine. L’empire du Milieu est souvent hermétique à beaucoup, mais Charlotte Cahné, qui a vécu trois ans à Pékin, a su capter l’âme d’une capitale chinoise complexe et en perpétuelle évolution. Une expérience qui transpire à chaque page de Beijing Blues.
Le roman nous transporte dans un Pékin underground où Hadrien, un artiste junkie, joue les détectives pour une amie arrêtée pour avoir fourni un faux alibi à un camarade accusé d’avoir occis sa femme, une riche entrepreneuse. On y croise une galerie de personnages comme Jeanne, une journaliste française désabusée dans un Pékin « gris et sale » marqué du poids des traditions et où la pesanteur du régime communiste est étouffante.
Son style d’écriture à la fois lyrique et précis a su capturer avec justesse l’essence de Pékin, des hutongs animés – ces vieux quartiers traditionnels – aux gratte-ciel imposants. Explorant le choc des cultures et les conflits générationnels d’une Chine contemporaine méconnue.
Beijing blues, Charlottte Cahné, éditions du Masque, 288 Pages, 8, 90 euros.
Le chemin de Damas
Ancien analyste de la CIA, David McCloskey signe là un premier thriller saisissant. Mission Damas semble tellement authentique qu’on peut s’étonner que l’agence ait permis la divulgation de tant de ses procédures et techniques résultant de la carrière d’espion de l’auteur dans plusieurs antennes du Moyen-Orient.
Sam Joseph, officier de la CIA, est envoyé à Paris pour recruter Mariam Haddad, haut fonctionnaire du gouvernement syrien. Paris opère sa magie, le coup de foudre est immédiat, mais à leur retour à Damas, les amoureux maudits doivent affronter la redoutable Mukhabarat, la sécurité militaire syrienne.
Des souks animés aux palais gouvernementaux
La capitale syrienne est dépeinte avec précision, des souks animés aux palais gouvernementaux, et le fonctionnement interne du régime meurtrier d’Assad est minutieusement décrit, y compris ses chambres de torture, telle une peinture implacable de la dictature. Ce premier roman de McCloskey est un best-seller outre-Atlantique, un roman indispensable pour les amateurs du genre. Certainement l’un des meilleurs
thrillers de l’année.
Mission Damas, David Mccloskey, 560 pages, 22,90 euros.
Opération X
Opium, sexe et alcool : la guerre du Vietnam versionfrançaise est au cœur de ce roman signé Laurent Guillaume. Ancien lieutenant de police devenu écrivain, il nous plonge dans le chaudron de l’Indochine des années 1950 et tire son inspiration du côté de Graham Greene et Un Américain bien tranquille.
Une France tropicale aujourd’hui oubliée, celle de l’hôtel Continental de Saïgon
Dans Les Dames de guerre, il décrit en détail le Saïgon de 1953, alors nid d’espions, où les Français sont en train de perdre pied et les Américains de préparer la grande guerre des années 1960 et 1970. Dans ce qui est alors un petit bout de France, un journal américain envoie une jeune journaliste, Elizabeth Cole, en quête de justice. Le roman se dévore avec gourmandise tant les décors y sont réalistes et les personnages attachants. La moiteur indochinoise y est presque palpable, mettant en avant des pages sombres de notre histoire coloniale entre trafic de drogue, mafias et compromissions.
Une fresque romanesque qui nous emmène loin de l’Hexagone, dans une France tropicale aujourd’hui oubliée, celle de l’hôtel Continental de Saïgon – devenue Hô Chi Minhville impeccablement décrite par l’auteur.
Les Dames de Guerre : Saïgon, Laurent Guillaume, Robert Laffont, 496 pages, 20,90 euros.
Sombre Corée
La guerre du Vietnam a fait les belles heures de Hollywood grâce à des films comme Apocalypse Now et Platoon. Des œuvres d’une violence démesurée où la guerre vue du côté américain est souvent réduite à un duel entre des GI’s naïfs et des Vietnamiens communistes rusés.
Mais on oublie souvent la participation massive de la Corée du Sud qui a envoyé plus de 300 000 soldats au Vietnam ! Hwang Sok-yong avait 23 ans quand il s’est retrouvé sur le front à Danang, et de cette expérience, il tire une œuvre magistrale, un Voyage au bout de l’enfer version coréenne.
Une formidable épopée intemporelle et salvatrice
Cette participation de Séoul aux côtés des Américains est longtemps restée taboue en Corée du Sud, une péninsule qui vit en guerre permanente avec la Corée du Nord. Hwang montre avec justesse les ravages de la guerre, les cicatrices qu’elle laisse et à quel point cette intervention a eu des répercussions profondes sur le développement économique de la Corée du Sud, avec des entreprises comme Hyundai et Daewoo profitant de l’économie de guerre.
Au-delà du témoignage unique, ce roman pour la première fois traduit en français est une formidable épopée intemporelle et salvatrice.
L’ombre des armes, Hwang Sok-Yong, Zulma, 800 pages, 12,50 euros.
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