« C’est comme si j’étais monté, à vélo et à pied, jusqu’aux satellites qui tournent autour de la Terre ». Il n’est pas loin d’avoir raison, Thierry Taupin. Avec à son programme près de 130 km de « dénivelé positif » – d’ascension à la verticale, pourrait-on dire -, son tour de France des 96 points culminants des départements de la métropole est un exploit inédit. Mais pour cet habitant de Bernières-sur-Mer, près de Caen (Calvados), c’est simplement la première virée d’un jeune retraité.
Ce sapeur-pompier s’est attelé au projet dès sa retraite, en octobre 2022. « J’ai toujours aimé monter, à vélo ou à pied : les montagnes, les collines… Je grimpais dès que j’en avais l’occasion. Je lis beaucoup de récits de baroudeurs, notamment en montagne. Certains font les Seven Summits, les plus hautes montagnes des sept continents ; moi, qui n’avais ni les compétences d’alpiniste, ni l’argent, j’ai pensé à gravir les points culminants des départements », raconte-t-il dans un bar de Moncontour, mercredi 20 septembre.
Quelques heures plus tard, il finira son tour de France par le Mont Bel-Air, à Trébry. Avant de rentrer en Normandie par la « Vélomaritime », qui relie Roscoff à Dunkerque.
Pic gravi avec piolet et crampons
Thierry passe l’hiver dernier à préparer son parcours et à aménager son van, aux couleurs de « 96 points culminants – 96 départements », la page Facebook créée pour parler de son épopée. Le menu est copieux : près de 10 000 km au total, avec trois points culminants à plus de 4 000 m (dans les Alpes), six à plus de 3 000 m, et douze autres à plus de 2000 m. « La règle que je me suis fixée, c’est de n’utiliser rien d’autre que le vélo ou la marche pour arriver en haut ».
Parti de Normandie le 1er avril 2023, Thierry atteint Chamonix le 1er juin pour s’attaquer aux monuments de son voyage : les points culminants des cinq départements alpestres. Il y retrouve un guide de haute montagne recruté pour l’occasion. « Là, trois semaines de mauvais temps m’attendaient. Je n’ai pu faire qu’un sommet, la Grande Casse, en Savoie. On a fini avec le piolet et les crampons. C’était dur. Je n’ai pas le vertige, mais à marcher sur une arête avec mille mètres de vide de chaque côté, je n’étais pas à l’aise ! ».
« Les zones sururbanisées comme la Côte d’Azur et la région parisienne, c’est souvent moche, dangereux et compliqué, sauf Paris où j’ai apprécié les pistes cyclables de Madame Hidalgo ! »
Qu’à cela ne tienne, Thierry enchaîne sur les Pyrénées. Il grimpe le Vignemale (Hautes-Pyrénées) en finissant par deux jours de marche, encordé dans les passages difficiles. Le Massif central l’a aussi marqué. « J’ai mis un mois pour faire les 16 départements de cette vaste région ! », raconte notre aventurier, accompagné en camion par son ami et voisin Jacky Allio durant la première partie du voyage, puis par sa femme Cathy.
De Montmartre au Roc’h Ruz
Le point culminant le moins haut ? « La Loire-Atlantique, à 118 m de haut ; et puis Paris, avec deux endroits, à Montmartre et à Belleville, à 130 m ». Le plus pénible ? « Les zones sururbanisées comme la Côte d’Azur et la région parisienne. C’est souvent moche, dangereux et compliqué, sauf Paris où j’ai apprécié les pistes cyclables de Madame Hidalgo », sourit notre baroudeur. Heureuse rencontre, un jeune cycliste de Paris l’ayant découvert sur Facebook l’a contacté pour le guider dans les départements franciliens. « Il m’a même fait faire le baptême du cycliste à Paris : le tour du rond-point de l’Arc-de-Triomphe sans encombre ! ». Au total, Thierry n’a guère eu de pépin : zéro crevaison, zéro chute, et des automobilistes « très respectueux dans l’ensemble ».
Et la Bretagne ? Eh bien, notre Normand a gardé le meilleur pour la fin. De Paimpont (35) au Roc’h Ruz (29), en passant par Gourin (56) et Trébry (22), il vient de parcourir ses quatre modestes sommets. « Il me reste seulement les Alpes à finir, et la Corse. Ce sera pour l’été prochain ! ». En attendant, Thierry va peut-être se reposer… un peu !
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