Centre Pompidou à Paris, Moma à New York, Tate Modern à Londres… Les plus grands musées d’art contemporain…

Centre Pompidou à Paris, Moma à New York, Tate Modern à Londres… Les plus grands musées d’art contemporain du monde détiennent des œuvres de l’artiste japonais On Kawara (1933-2014). Durant quatre semaines, sept d’entre elles avaient pour écrin la classe de petite section de l’école maternelle Gracieuse-Compin de Montmoreau. Installées et décrochées dans le plus grand secret pour diverses raisons, notamment leur prix d’1 million de dollars pièce. Récit d’une aventure extraordinaire qui n’est pas terminée.

L’histoire démarre il y a deux ans à l’initiative d’une maman d’élèves, Sophie von Olfers, commissaire d’exposition d’art contemporain dans une vie antérieure. « J’ai observé le travail mené par Claudine Mignon, la directrice de l’établissement et je connaissais par ailleurs le projet de On Kawara intitulé « Pure Consciousness », qui est une itinérance d’œuvres de la série « Today », peintes entre le 1^er et le 7 janvier 1997, dont le but est d’être exposée sans médiation aucune auprès d’un très jeune public qui a encore la capacité d’être dans l’instant présent. Je me suis dit ‘‘Et pourquoi pas ?’‘»

Venues de New York

Elle décroche son téléphone, rouvre son vieux carnet d’adresses et contacte le chef des collections du Museum für Moderne Kunst de Francfort, Phil Mario Kramer, qui fut un ami personnel de l’artiste décédé en 2014. Tout un travail d’enquête se lance alors : est-ce que On Kawara souhaitait poursuivre cette itinérance après sa mort ? Est-ce que la Fondation new yorkaise qui gère son héritage était prête pour ce faire ?

Deux ans pour aussi mettre en place toute l’organisation : qui finance, assure, accroche les œuvres ? Toutes les autorisations obtenues, les sept tableaux arrivent en France, 22 ans après leur dernière venue à Avignon. La Fondation assume le coût du voyage et des assurances, Sophie von Olfers, la logistique, la Direction régionale des affaires culturelles finance la suite, un livret, réalisé par les élèves.

Une capsule temporelle

Et Claudine Mignon, l’institutrice, devient le trait d’union entre cette folie et la pédagogie. « Il me fallait trouver comment faire profiter les enfants de cette expérience. Quand nous avons accroché les tableaux durant les vacances de février, nous n’avions rien dit à personne, ce qui était le but. Donc ni les élèves, ni les parents n’étaient au courant. Ces tableaux, peints chacun en dix heures, à New York, sont un monochrome de gris avec la date inscrite à l’américaine. L’idée de l’artiste était de fixer le temps, je me suis dit alors que nous allions explorer cette notion. Chaque jour, un enfant est désigné responsable de la peluche, avec celui-ci, je prenais des photos, racontais sa journée, pour réaliser une boîte, capsule temporelle, dont la forme extérieure reprendra les codes des tableaux. »

C’est fou de se dire que peut-être un jour, lors d’une rétrospective On Kawara, la photo de notre classe sera affichée.

Un livret va également être édité, il sera placé dans chacune des créations des élèves mais également envoyé dans chaque grand musée d’art contemporain. « C’est fou de se dire que peut-être un jour, lors d’une rétrospective On Kawara, la photo de notre classe sera affichée. »

Les toiles ont quitté Montmoreau la semaine passée. Avant, elles ont toutefois été présentées aux parents, stupéfaits de l’expérience extraordinaire à laquelle leur enfant a pu être associée. Charge à eux de conserver au mieux la boîte temporelle qui leur sera remise pour que leurs petits puissent au mieux en profiter plus tard.