La nature réserve bien des surprises. La preuve à Baume-Les-Messieurs, dans le Jura, où les promeneurs peuvent tomber sur une drôle d’échelle sur le chemin des grottes. Une échelle presque entièrement calcifiée au fil de l’eau et du temps. On vous explique ce mystère.
On croirait presque à un sortilège. Comme si un promeneur avait croisé ici le regard de Méduse, la gorgone affrontée par Persée dans la mythologie grecque, ou celui du basilic, ce monstre légendaire du Moyen Âge. En tous les cas, elle est réapparue fin août, comme par magie, sur le réseau X (anciennement Twitter, NDLR).
Cette étonnante échelle en fer plonge dans une bassine naturelle sur le cours du Dard, dans la reculée de Baume-les-Messieurs, dans le Jura, juste avant d’atteindre les fameuses grottes.
Et la nature lui a visiblement joué un sacré tour ! L’échelle a en effet subi un processus de calcification. « Le calcaire environnant est connu pour contenir du carbonate de calcium, explique-t-on dans ce post. Lorsque l’eau de pluie s’y déversait, il dissolvait les composés carbonatés contenus dans le calcaire et imbibait ensuite la surface de l’escalier d’ions calcium et magnésium. Au fil du temps, les minéraux ont solidifié et pétrifié la surface de l’échelle. » La pétrification se serait opérée, lentement, mais sûrement, sur près de 150 ans, l’âge présumé de l’installation.
Il y a trois ans déjà, l’endroit avait été repéré par des observateurs qui traquent partout sur la planète ces étranges phénomènes naturels et partagent leurs découvertes sur les réseaux sociaux.
Le Dard, depuis sa résurgence, offre tout le long de son parcours de nombreuses cascades et marmites. Et quand son lit s’assèche, faute de précipitations, l’échelle se découvre entièrement.
Guy Decreuse connaît bien l’endroit. Le spéléologue est tombé dessus un peu par hasard grâce à l’un de ses amis lors d’une de ses expéditions il y a plusieurs années, raconte-t-il à France 3 Franche-Comté.
C’est à une trentaine de mètres du sentier mais c’est facile à trouver. Pour moi, le site devait être une ancienne carrière à ciel ouvert de tuf calcaire comme il en existe d’autres dans le Jura, aux Planches par exemple. C’est vrai qu’on est tout de suite interpellé par cette échelle métallique pétrifiée mais c’est un phénomène qui a son explication.
Guy Decreuse, spéléologue amateur.
Une simple question de chimie en fait. Le Dard est connu en effet pour sa cascade pétrifiante tout près de sa source. Sur le site du département Juramusées.fr, on apprend qu’il y dépose, par précipitation, une partie du calcaire que les eaux ont dissous en amont dans leur voyage souterrain.
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« Cette calcite forme des vasques et des concrétions de tuf, phénomène favorisé par la présence et l’activité biologique des mousses. Ces dernières, en captant le dioxyde de carbone, provoquent la transformation du bicarbonate de calcium, soluble en carbonate insoluble, la calcite, qui se dépose rapidement et construit des concrétions emprisonnant des éléments végétaux. »
La pétrification de l’échelle n’aurait donc rien d’extraordinaire du point de vue scientifique. Le plus surprenant en revanche, c’est que cet endroit qui mérite vraiment le détour soit encore aussi méconnu. Et c’est peut-être là le vrai mystère.
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