Cordes, bois, vents, percussions, les quatre familles d’instruments étaient réunies sur la scène de la cour du château de l’Empéri. Le conservatoire de Berne (JSO) était invité dans le cadre du Festival provençal des jeunes orchestres. C’est la première fois qu’il se produisait à Salon-de-Provence. La baguette comme une continuité des doigts pour ne faire qu’un. Le chef d’orchestre Droujelub Yanakiew, a mené d’une main de maître une cinquantaine de musiciens pendant une heure et demie. Sourire aux lèvres, il a transmis son plaisir par ses gestes virtuoses.

Les jeunes musiciens, armés de leur instrument, ont exécuté avec précision la Symphonie n°31 de Mozart, intitulée Paris. « C’est pour ça qu’elle est si belle« , s’enthousiasmait le maestro. Passant du piano au forte, la synchronisation des archets est captivante. Le concerto pour clarinette n°2 du compositeur allemand Weber commençait sous les applaudissements. Parmi les jeunes musiciens, certains gardaient les yeux rivés sur les partitions, d’autres les fermaient. Avec la musique, ils ne formaient qu’un.

Contrebasse tricentenaire, la star du concert

Les tribunes se remplissaient encore, des passants attirés par la sonorité qui s’envolait au-dessus de la cour à ciel ouvert. Un appel à venir vivre la musique à l’unisson. Dans le public, certains battaient la mesure avec leur pied. L’orchestre s’arrêtait, la contrebasse arrivait. L’imposante grand-mère au bois verni de noir n’a jamais aussi bien porté son nom.

Elias Kobi, avec son instrument âgé de près de trois siècles, s’installait sur le devant de la scène. C’était son moment. Avant de jouer, il se prépare. Comme un sportif, répétant dans le vide, bougeant la tête comme s’il était habité par le morceau qu’il s’apprête à interpréter. Il essuie les cordes avec un chiffon, ses mains sur son pantalon, et démarre. Courbé sur l’instrument, ses doigts agiles couraient sur le manche. L’orchestre l’a suivi, lui a répondu. Lorsqu’il s’arrête, Elias soupire de soulagement. C’est fait. Les applaudissements du public rugissaient.

En ce soir du match France-Espagne, Droujelub Yanakiew rassurait les spectateurs, il ne leur restait qu’un morceau, la Symphonie n°8 de Beethoven. « On finira cinq minutes avant« , assurait-il. À la fin du concert, les jeunes musiciens et leur chef d’orchestre ont eu droit à une standing-ovation.

Une initiative d’ouverture internationale

Assise dans les gradins lors du concert, Valérie est conquise : « C’était d’une qualité de musiciens et d’interprétation de très haut niveau. Les morceaux choisis nous ont fait vibrer, avec une grande sensibilité dans l’interprétation.« 

Ce concert était une occasion exceptionnelle pour le public d’accéder au répertoire classique gratuitement.

« Le festival donne aussi la possibilité de voyager, d’être accueillis, et de se produire dans un cadre magnifique, devant un public nombreux et reconnaissant. C’est énormément apprécié par les jeunes musiciens et contribue à leur développement musical, culturel et social » expliquait Tamsin Smith, créatrice de The international music exchange (TIME), une organisation dont l’objectif est de rendre accessibles des opportunités pour les jeunes musiciens internationaux.

Pour Elise Pichelin, premier basson dans l’orchestre, c’est une opportunité rare.« Ça permet de voyager, de jouer dans des endroits insolites. On a toujours eu de la chance sur les lieux de concert. On voyage autour de la musique. Ici, on a de la chance de jouer dans une cour. »

Pour continuer leur périple musical, l’orchestre se produira, ce vendredi 12 juillet, à la collégiale Notre-Dame-des-Anges, à L’Isle-sur-la-Sorgue.