Aujourd’hui, vous ne voyagerez plus jamais comme avant. Ce pourrait être un slogan publicitaire post pandémie de Covid-19. Les Français ont repris goût aux voyages mais cherchent à s’évader différemment. Finis les voyages trop éloignés et trop classiques, place aux destinations moins fréquentées, plus rares et donc aussi moins onéreuses.

Nos conseils pour découvrir autrement le sud de l’Europe, de l’Espagne à l’Italie, en passant par la Croatie.

Espagne : le charme des catalanes Gérone et Tarragone

Quand l’une exhorte son esprit d’indépendance – Gérone est la ville de naissance du politicien en exil Carlès Puigdemont –, l’autre célèbre ses Castells, spectaculaires pyramides humaines, classés au patrimoine culturel immatériel par l’Unesco. Leur point commun ? Un passé romain, un charme fou et une sacrée dose de catalanisme ! Cette revendication identitaire dotée d’un bon sens de la solidarité se trouve au cœur d’un courant de pensée bien ancré qui remonte au XIXe siècle. L’équilibre, il en est question à Gérone dans la construction de cette double enceinte fortifiée. L’une romaine et l’autre érigée à cheval entre la fin du Moyen Age et l’époque moderne. A l’intérieur trônent en majesté une cathédrale romano-gothique, la basilique Sant Feliu, un ancien monastère bénédictin, des bains arabes et l’un des quartiers juifs les mieux conservés au monde. Pour les relier, une accumulation de ruelles tortueuses gravite autour de places à portiques et de jardins enclavés. Une impression de quiétude se dégage du haut de ces murs protecteurs.

La configuration des lieux reste propice aux processions religieuses dont la Catalogne raffole. Pour une communauté autonome loin d’être catholique, le calendrier grégorien rythme inlassablement l’année ! A la Saint-Jordi, le 23 avril, la ville se teinte de rouge et les venelles s’animent au son de la sardane, la danse populaire catalane par excellence. La tradition invite les hommes à offrir des roses aux femmes qui, en retour, leur donnent des livres. Pendant la semaine pascale, les soldats romains défilent à leur tour. A la Saint-Narcisse, le 29 octobre, les rues se couvrent de fleurs avant de passer le relais aux rois mages, figures religieuses emblématiques, remplacées aujourd’hui par les frères Roca, nouveaux rois de la gastronomie à Gérone. Couronné d’une pluie d’étoiles, l’ancien restaurant familial « El Celler de Can Roca » a acquis une réputation aux quatre coins du monde.

Plus d’informations sur le site de l’office du tourisme de Gérone.

De fortifications romaines, il en est aussi question à Tarragone. Sur les trois kilomètres et demi de remparts, il n’en reste plus qu’un seul, doté d’un sentier scandé de trois tours en pierre. Une manière originale de découvrir la ville, sa contre-muraille et ses jardins avant de rejoindre l’amphithéâtre. Symbole de l’ancienne Tarraco, ce dernier surplombe la Méditerranée et offre un espace grandiose (14 000 places) à cette cité délaissée des circuits touristiques. Même le parc d’attractions PortAventura, situé à 13 kilomètres, semble plus connu par les visiteurs de la région ! Un comble lorsque l’on sait que Tarragone, classée à l’Unesco pour son patrimoine romain, fut aussi une enclave ecclésiastique d’envergure au Moyen Age. Il subsiste des églises, un hôpital, la tour du Prétoire et la cathédrale inachevée Santa Maria, flanquée de son élégant cloître à plan rectangulaire. Un des meilleurs exemples de l’art roman en Catalogne. Même Gaudí est passé par là ! Dans le sanctuaire de Notre-Dame du Sacré-Cœur, l’architecte a ainsi réalisé une partie de l’autel. Il n’était alors qu’étudiant en architecture et déjà son style empreint de lignes organiques, teinté de mysticisme, éclate au grand jour. Dans le quartier de la Part Alta, centre historique de Tarragone, les drapeaux jaune et rouge, couleurs de la Catalogne, flottent aux fenêtres. Sur la place del Fòrum, à l’heure du vermouth, vin cuit produit dans la proche ville de Reus, les conversations politiques en catalan vont bon train… La tournée des bars à tapas à l’ombre des cyprès a sonné.

Plus d’informations sur le site de l’office du tourisme de Tarragone.

Italie : à contre-courant des styles, Turin vaut le détour

Tour à tour capitale de la Savoie (1563), puis du royaume de Sardaigne (1713) et première capitale de l’Italie (1861), Turin apparaît comme un tiramisu de styles ! A elle seule, la ville balaie trois siècles d’art marqués par des mécènes prestigieux. Charles-Félix de Savoie crée en 1824 le premier musée exclusivement consacré aux antiquités égyptiennes. Une collection exceptionnelle riche de près de 40 000 œuvres, bourrée de charme et nichée dans un ancien collège mais qui ne saurait faire ombrage à celles du Caire.

Première ville du cinéma avant Rome, c’est ici que les frères Lumière organisent en 1896 leur première projection en Italie. En guise d’hommage, le Muzeo Nazionale del Cinema a élu domicile dans le Mole Antonelliana. Traveling sur les bords du Pô au sud et les montagnes au nord, l’élégante du Piémont se singularise par son climat capricieux et ses matins brumeux. De grandes galeries ont été imaginées pour se protéger des intempéries et de la canicule, offrant aux passants un véritable musée à ciel ouvert. De la galerie marchande Umberto avec son plan cruciforme, en passant par les palais Reale, Chiablese, Venaria Reale et la kyrielle de résidences royales surnommées la « couronne des délices », les visites ne manquent pas.

Le plus difficile ? Choisir son camp ! Plutôt baroque piémontais ? Direction la chapelle du Saint-Suaire, chef-d’œuvre de Camillo Guarino Guarini, à moins de préférer la basilique de Superga, située en haut d’une colline, où sont enterrés les rois de Savoie. Tenté par le style Liberty ? Rendez-vous dans le quartier San Salvario pour admirer les villas Art nouveau et la célèbre porte de la Grenade. Le plus insolite des sites reste celui niché dans le parc Valentino construit pour l’Exposition universelle de 1884. Borgo, village néomédiéval dominé par le château fort de la Rocca, est fermé jusqu’en 2025. Sa découverte sur la rive opposée du Pô n’enlève rien à son charme. Vient le temps de s’arrêter dans l’un des plus vieux cafés de la ville et de commander un bicerin, chocolat chaud au café et à la crème chantilly, servi depuis 1763 au caffè éponyme « Al Bicerin ». Fréquentés par la classe politique et l’intelligentsia turinoise, les cafés affichent leur histoire à coups de fresques, de plafonds dorés, de banquettes rouges et de motifs Art déco. Baratti & Milano, San Carlo, Mulassano, Torino, autant de noms qui sonnent comme un appel à l’espresso du matin.

Plus d’informations sur le site de l’office du tourisme de Turin.

Croatie : Zadar, le joyau de la Dalmatie au riche patrimoine artistique

Au bord de l’Adriatique, un air vintage plane sur la rue Larga, dans le centre de Zadar. Tous les samedis, des photographes immortalisent les tenues extravagantes de ses habitants. Les photos sont diffusées dans le journal local et sur les réseaux sociaux pour être commentées. Rien, pas même la présence des touristes attirés par l’orgue marin – 35 tuyaux disposés sur la place principale située sur le front de mer qui sonnent à la moindre vague – , ne saurait changer ses habitudes. Une fois le soleil couché, un grand disque photovoltaïque « le salut du soleil » signé par l’artiste Nikola Bašić prend le relais et se transforme en kaléidoscope géant. Dans la vieille ville protégée par ses remparts vénitiens classés par l’Unesco, les ruelles pavées de pierres blanches égrènent les vestiges romains, la cathédrale médiévale, les palais Renaissance et les églises baroques. Un cadre qui a de quoi faire tourner la tête, sauf celles des Dalmates ! Sur la place du Forum, face à une curieuse église byzantine, les enfants jouent pendant que leurs parents commandent un macchiato, un café noisette. Un rituel dont raffolent les Zadarois.

Plus d’informations sur le site de l’office de tourisme de Zadar.

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